Que tu puisses avoir été page et charmant,
Cela semble impossible; et pourquoi pas, vraiment?
Le matin est riant, puis la journée est noire;
Cela se voit. Sais-tu qu'on raconte une histoire
Sur un petit valet de cour qui serait toi?
T'es-tu jamais nommé Gorvona?
Non. Pourquoi?
Pour te cacher, dit-on, par ruse et par bassesse,
Et pour une amourette avec une princesse.
Moi, jamais!
On m'a fait le récit tout entier D'un roi stupide auquel tu fis un héritier. Mais on n'est pas d'accord sur le pays. Pur conte, Probablement.
Voilà. Vous m'avez créé comte. On tâche de me nuire.
On a raison. Mais moi,
Que ce qu'on dit soit faux ou soit vrai, j'ai pour loi
D'être au-dessus de tout ce que l'homme imagine.
Rien ne m'atteint. Je suis le roi.
Ton origine Mêlée à des laquais, et même à des bouffons,
Tes commencements bas, tortueux et profonds,
Me conviennent. Personne au juste ne peut dire,
Pas même toi, quel fut ton père. Je t'admire
D'être si bien caché, tout en étant public.
Le nid du cormoran, le trou du basilic,
Sont les points de départ possibles d'une vie
Comme la tienne, errante, envolée, asservie.
Je t'ai fait comte, grand de Castille, et marquis;