Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA REINE.

Ah ! ciel ! Eh bien, oui ! je le dis tout haut, tant pis ! Fabiano est innocent ! Fabiano n’a pas commis le crime pour lequel il est condamné. C’est moi, et celui-ci, et le ciseleur Gilbert, qui avons tout fait, tout inventé, tout supposé. Pure comédie ! Osez me démentir, monsieur le bailli ! Maintenant, messieurs, le défendrez-vous ? Il est innocent, vous dis-je ! Sur ma tête, sur ma couronne, sur mon Dieu, sur l’âme de ma mère, il est innocent du crime ! Cela est aussi vrai qu’il est vrai que vous êtes là, lord Clinton. Défendez-le. Exterminez ceux-ci, comme vous avez exterminé Tom Wyat, mon brave Clinton, mon vieil ami, mon bon Robert ! Je vous jure qu’il est faux que Fabiano ait voulu assassiner la reine.

LORD CLINTON.

Il y a une autre reine qu’il a voulu assassiner, c’est l’Angleterre.

Les cris continuent dehors.
LA REINE.

Le balcon ! ouvrez le balcon ! Je veux prouver moi-même au peuple qu’il n’est pas coupable.

SIMON RENARD.

Prouvez au peuple qu’il n’est pas italien.

LA REINE.

Quand je pense que c’est un Simon Renard, une créature du cardinal de Granvelle, qui ose me parler ainsi ! Eh bien, ouvrez cette porte ! ouvrez ce cachot ! Fabiano est là ; je veux le voir, je veux lui parler.

SIMON RENARD, bas.

Que faites-vous ? Dans son propre intérêt, il est inutile de faire savoir à tout le monde où il est.

LE PEUPLE.

Fabiani à mort ! Vive Élisabeth !

SIMON RENARD.

Les voilà qui crient vive Élisabeth ! maintenant.

LA REINE.

Mon Dieu ! mon Dieu !