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LA REINE.

Tu demandes quel est ton crime ?

FABIANI.

Oui, madame.

LA REINE.

Vous entendez tous la question qui m’est faite, mylords. Vous allez entendre la réponse. Faites attention, et prenez garde à vous tous tant que vous êtes, car vous allez voir que je n’ai qu’à frapper du pied pour faire sortir de terre un échafaud. — Chandos ! Chandos ! ouvrez cette porte à deux battants ! Toute la cour ! tout le monde ! faites entrer tout le monde !

La porte du fond s’ouvre. Entre toute la cour.



Scène VIII.

Les Mêmes, LE LORD CHANCELIER, toute la cour.
LA REINE.

Entrez, entrez, mylords. J’ai véritablement beaucoup de plaisir à vous voir tous aujourd’hui. — Bien, bien, les hommes de justice, par ici, plus près, plus près. — Où sont les sergents d’armes de la chambre des lords, Harriot et Herbert ? Ah ! vous voilà, messieurs. Soyez les bienvenus. Tirez vos épées. Bien. Placez-vous à droite et à gauche de cet homme. Il est votre prisonnier.

FABIANI.

Madame, quel est mon crime ?

LA REINE.

Mylord Gardiner, mon savant ami, vous êtes chancelier d’Angleterre, nous vous faisons savoir que vous ayez à vous assembler en diligence, vous et les douze lords commissaires de la chambre étoilée, que nous regrettons de ne pas voir ici. Il se passe des choses étranges dans ce palais. Écoutez, mylords. Madame Élisabeth a déjà suscité plus d’un ennemi à notre couronne. Il y a eu le complot de Pietro Caro, qui a fait le mouvement d’Exeter, et qui correspondait secrètement avec madame Élisabeth par moyen d’un chiffre taillé sur une guitare. Il y a eu la trahison de Thomas Wyat, qui a soulevé le comté de Kent. Il y a eu la rébellion du duc de Suffolk, lequel a été saisi dans le creux d’un arbre après la défaite des siens. Il y a aujourd’hui un nouvel attentat. Écoutez tous. Aujourd’hui, ce matin, un homme s’est présenté à mon audience. Après quelques paroles, il a levé un poignard sur moi. J’ai arrêté son bras à temps. Lord Chandos et monsieur