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Tais-toi !
Levant les yeux au ciel.
C'est une chose impie entre tant d'autres crimes
Que le couple effrayant, perdu dans les abîmes,
Qui parle en ce tombeau d'épouvante entouré,
Ose encor prononcer, amour, ton nom sacré !

A Job. 

Eh bien! j'aimais aussi, moi, dont le cœur est vide !
Rends-moi mon Donato ! Tends-le-moi, fratricide!

Job, se levant avec une résignation sombre.
Otbert sait-il qu'il doit tuer son père?

Guanhumara.
Non.
Pour sauver Régina, sans savoir ton vrai nom,
Il frappera dans l'ombre.

Job.
Otbert! nuit lamentable !

Guanhumara.
Il sait, comme un bourreau, qu'il punit un coupable.
Rien de plus. — Meurs voilé, tais-toi, ne parle pas,
Si tu veux, j'y consens.
Elle détache son voile et le lui jette.

Job, saisissant le voile.
Merci !

Guanhumara.
J'entends un pas.
Recommande ton âme à Dieu. — C'est lui. — Je rentre.
J'entendrai tout. Je tiens Régina dans mon antre.
Bâtez-vous d'en finir tous les deux.
Elle sort par le fond à gauche, du côté où ont disparu les porteurs du cercueil.

Job, tombant à genoux près du banc de pierre.
Juste Dieu !
Il se couvre la tête du voile noir et demeure agenouille, immobile dans l'attitude de la prière. Entre par la galerie à droite un homme vêtu de noir et masqué comme les deux précédents, portant une torche. Il fait signe d'entrer à quelqu'un qui le suit. C'est Otbert, Otbert, pâle, égaré, éperdu. Au moment où Otbert entre, et pendant qu'il parle, Job ne fait pas un mouvement. Dès qu'Otbert est entré, l'homme masqué disparaît.