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tirant son épée et arrêtant du geste les soldats.
Marquis Hatto, je sais que tu n'es qu'un infâme.
Je le sais traître, impie, abominable et bas.
Je veux savoir aussi si l'on ne trouve pas
Au fond de ton cœur vil, cloaque d'immondices,
La peur, fange et limon que déposent les vices.
Je soupçonne, entre nous, que tu n'es qu'un poltron;
Et que tous ces seigneurs, — meilleurs que toi, baron ! —
Quand j'aurai secoué ton faux semblant d'audace,
Vont voir ta lâcheté te monter à la face !
Je représente ici, par son choix souverain,
Régina, fille noble et comtesse du Rhin.
Prince, elle le refuse, et c'est moi qu'elle épouse.
Hatto, je te défie, à pied, sur la pelouse
Auprès de la Wisper, à trois milles d'ici,
A toute arme, en champ clos, sans délai, sans merci,
Sans quartier, réservés d'armet et de bavière,
A face découverte, au bord de la rivière;
Et l'on y jettera le vaincu. Tue ou meurs.
Régina tombe évanouie. Ses femmes l'emportent. Otbert barre le passage aux archers, qui veulent s'approcher.
Que nul ne fasse un pas ! je parle à ces seigneurs.
Aux princes.
Ecoutez tous, marquis venus de la montagne,
Duc Gerhard, sire Uther, pendragon de Bretagne,
Burgrave Darius, burgrave Cadwalla :
Je soufflette à vos yeux ce baron que voilà !
Et j'invoque céans, pour châtier ses hontes,
Le droit des francs-archers par-devant les francs-comtes !
Il jette son gant au visage de Hatto. — Entre le mendiant, confondu dans la foule des assistants.

Hatto.
Je t'ai laissé parler !
Bas à Zoaglio Giannilaro, qui est près de lui dans la foule des seigneurs.
Dieu sait, Giannilaro,
Que mon épée en tremble encor dans le fourreau !
A Otbert.
Maintenant je te dis : Qui donc es-tu, mon brave !

Parle, es-tu fils de roi, duc souverain, margrave,