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Mais...

Job, souriant.
Tu refuses?

Otbert.
Comte ! ah ! c'est le paradis
Que vous m'ouvrez !

Job.
Alors fais ce que je te dis.
Plus un mot. Le soleil couché, vous fuirez vite.
J'empêcherai Hatto d'aller à ta poursuite:
Et vous vous marirez à Caub.
Guanhumara, qui a tout entendu, sort.
Il prend leurs bras à tous deux sous les siens et les regarde avec tendresse.
Mes amoureux,
Dites-moi seulement que vous êtes heureux.
Moi, je vais rester seul.

Régina.
Mon père !

Job.
Il faut me dire
Un dernier mot d'amour dans un dernier sourire.
Que deviendrai-je, hélas ! quand vous serez partis?
Quand mon passé, mes mots toujours appesantis,
Vont retomber sur moi ?
A Régina.
Car, vois-tu, ma colombe,
Je soulève un moment ce poids, puis il retombe !
A Otbert.
Gunther, mon chapelain, vous suivra. J'ai l'espoir
Que tout ira bien. Puis vous reviendrez me voir,
Un jour.—Ne pleurez pas ! laissez-moi mon courage.
Vous êtes heureux vous ! Quand on s'aime à votre âge,
Qu'importe un vieux qui pleure ! - Ah ! vous avez vingt ans !
Moi, Dieu ne peut vouloir que je souffre longtemps.
Il s'arrache de leurs bras.
Attendez-moi céans.
A Otbert.
Tu connais bien la porte.
J'en vais chercher les clefs, et je te les rapporte.
Il sort par la porte de gauche.