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Que Frédéric, du trône atteignant le sommet,
N'ait jamais recherché la femme qu'il aimait,
Cela me navrerait dans l'âme pour sa gloire,
Si je croyais un mot de toute votre histoire.

Teudon.
Il l'a cherchée, ami. De son bras souverain
Trente ans il a fouillé les repaires du Rhin.
Le bâtard.

Kunz.
Ce Fosco !

Teudon, continuant.
Pour servir en Bretagne,
Avait laissé son burg et quitté la montagne.
Il n'y revint, dit-on, que fort longtemps après.
L'empereur investit les monts et les forêts,
Assiégea les châteaux, détruisit les burgraves,
Mais ne retrouva rien.

Gondicarius, à Jossius.
Vous étiez de ses braves :
Vous avez bataillé contre ces mécréants !
Vous souvient-il?

Jossius.
C'étaient des guerres de géants !
Les burgraves entre eux se prêtaient tous main forte.
Il fallait emporter chaque mur, chaque porte.
En haut, en bas, cribles de coups, baignés de sang,
Les barons combattaient, et laissaient, en poussant
Des rires éclatants sous leurs horribles masques,
L'huile et le plomb fondu ruisseler sur leurs casques.
Il fallait assiéger dehors, lutter dedans,
Percer avec l'épée et mordre avec les dents.
Oh ! quels assauts ! Souvent, dans l'ombre et la fumée,
Le château, pris enfin, s'écroulait sur l'armée !
C'est dans ces guerres-là que Barberousse un jour,
Masqué, mais couronné, seul, au pied d'une tour,
Lutta contre un bandit qui, forcé dans son bouge,
Lui brûla le bras droit d'un trèfle de fer rouge,
Si -bien que l'empereur dit au comte d'Arau :
— Je le lui ferai rendre, ami, pur le bourreau.

Gondicarius.