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DEUXIÈME JOURNÉE

LA REINE


Une chambre de l’appartement de la reine. — Un évangile ouvert sur un prie-Dieu. La couronne royale sur un escabeau. — Portes latérales. — Une large porte au fond. — Une partie du fond masquée par une grande tapisserie de haute lisse.


Scène PREMIÈRE.

LA REINE, splendidement vêtue, couchée sur un lit de repos ;
FABIANO FABIANI, assis sur un pliant, à côté. Magnifique costume. La jarretière.
FABIANI, une guitare à la main, chantant.

Quand tu dors, calme et pure,
Dans l’ombre, sous mes yeux,
Ton haleine murmure
Des mots harmonieux.
Ton beau corps se révèle
Sans voile et sans atours… —
Dormez, ma belle,
Dormez toujours !

Quand tu me dis : Je t’aime !
Ô ma beauté ! je croi…
Je crois que le ciel même
S’ouvre au-dessus de moi !
Ton regard étincelle
Du beau feu des amours… —
Aimez, ma belle,
Aimez toujours !

Vois-tu ? toute la vie
Tient dans ces quatre mots,
Tous les biens qu’on envie,
Tous les biens sans les maux !
Tout ce qui peut séduire,
Tout ce qui peut charmer : —
Chanter et rire,
Dormir, aimer !

(Il pose la guitare à terre.) Oh ! je vous aime plus que je ne peux dire, madame ! mais ce Simon Renard ! ce Simon Renard, plus puissant que vous-même ici ! je le hais.