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Vrai?

Haquin.
Je crois, sur ma parole,
Que c'est une sorcière !

Hermann.
Ah bah! c'est une folle.

Swan.
Elle a mille secrets. Elle a guéri, ma foi,
Non-seulement Rollon et Hatto, mais Eloi,
Knüd, Azzo, ces lépreux que fuyait tout le monde.

Teudon.
Cette femme travaille à quelque œuvre profonde.
Elle a, soyez-en sûrs, de noirs projets noués
Avec ces trois lépreux qui lui sont dévoués.
Partout, dans tous les coins, ensemble on les retrouve.
Ce sont comme trois chiens qui suivent cette louve.

Haquin.
Hier, au cimetière, au logis des lépreux,
Ils étaient tous les quatre, et travaillaient entre eux.
Eux, faisaient un cercueil et clouaient sur des planches;
Elle, agitait un vase en relevant ses manches,
Chantait bas, comme on chante -aux enfants qu'on endort,
Et composait un philtre avec des os de mort.

Swan.
Cette nuit, ils erraient. La nuit bien étoilée,
Ces trois lépreux masqués, cette femme voilée,
Kunz, c'était effrayant. Moi, je ne dormais pas,
Et je voyais cela.

Kunz.
Je crois, dans tous les cas,
Qu'ici dans les caveaux ils ont quelque cachette.
L'autre jour, les lépreux et la vieille sachette
Passaient sous un grand mur d'un air morne et bourru.
Je détournai les yeux, ils avaient disparu.
Ils s'étaient enfoncés dans le mur !

Haquin.