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GILBERT.

Quel est celui de nous deux qui rêve ? Vous me disiez tout à l’heure que l’assassin du juif, c’était moi, vous me dites à présent que cette maison-ci est la vôtre ?

FABIANI.

Ou celle de ma maîtresse, ce qui revient au même.

GILBERT.

Répétez-moi ce que vous venez de dire !

FABIANI.

Je dis, l’ami, puisque vous voulez le savoir, que cette maison est celle d’une belle fille nommée Jane, qui est ma maîtresse.

GILBERT.

Et moi je dis, mylord, que tu mens ! je dis que tu es un faussaire et un assassin ! je dis que tu es un fourbe impudent ! Je dis que tu viens de prononcer là des paroles fatales dont nous mourrons tous les deux, vois-tu, toi pour les avoir dites, moi pour les avoir entendues !

FABIANI.

Là, là ! Quel est ce diable d’homme ?

GILBERT.

Je suis Gilbert le ciseleur. Jane est ma fiancée.

FABIANI.

Et moi je suis le chevalier Amyas Pawlet. Jane est ma maîtresse.

GILBERT.

Tu mens, te dis-je ! Tu es lord Clanbrassil, le favori de la reine. Imbécile, qui crois que je ne sais pas cela !

FABIANI, à part.

Tout le monde me connaît donc cette nuit ! — Encore un homme dangereux, et dont il faudra se défaire !

GILBERT.

Dis-moi sur-le-champ que tu as menti comme un lâche, et que Jane n’est pas ta maîtresse.