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RODOLFO.

Tisbe ! Du secours ! Misérable que je suis !

LA TISBE.

Non. Tout secours est inutile. Je le sens bien. Merci. Ah ! livre-toi à la joie comme si je n’étais pas là. Je ne veux pas te gêner. Je sais bien que tu dois être content. J’ai trompé le podesta. J’ai donné un narcotique au lieu d’un poison. Tout le monde l’a crue morte. Elle n’était qu’endormie. Il y a là des chevaux tout prêts. Des habits d’homme pour elle. Partez tout de suite. En trois heures, vous serez hors de l’état de Venise. Soyez heureux. Elle est déliée. Morte pour le podesta. Vivante pour toi. Trouves-tu cela bien arrangé ainsi ?

RODOLFO.

Catarina !… Tisbe !…

Il tombe à genoux, l’œil fixé sur la Tisbe expirante.
LA TISBE, d’une voix qui va s’éteignant.

Je vais mourir, moi. Tu penseras à moi quelquefois, n’est-ce pas ? et tu diras : Eh bien, après tout, c’était une bonne fille, cette pauvre Tisbe. Oh ! cela me fera tressaillir dans mon tombeau ! Adieu ! Madame, permettez-moi de lui dire encore une fois mon Rodolfo ! Adieu, mon Rodolfo ! Partez vite à présent. Je meurs. Vivez. Je te bénis !

Elle meurt.