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que le règne de la fille d’Henri VIII ne peut guère être séparé de celui de son prédécesseur et de celui d’Élisabeth qui lui a succédé, je crois que mes lecteurs ne me sauront pas mauvais gré de mettre d’abord sous leurs yeux un extrait rapide de l’histoire de ces trois souverains. Quand ils auront lu cette analyse historique, aussi concise que fidèle, ils m’en sauront encore plus de gré.

(Ici une sorte de résumé des trois règnes.)

Il n’est personne sans doute qui ne doive être frappé de l’exactitude de ce croquis historique. On comprend bien aussi qu’il n’est pas de moi… C’est un devoir d’Henri V. C’est là un des travaux familiers de cet enfant-roi.

… Quoi qu’il puisse m’en coûter de descendre de si haut pour tomber à la Porte-Saint-Martin, j’ai aussi mon devoir à faire, moi, et j’arrive au drame de l’auteur, qui, malheureusement pour lui et pour nous, n’a pas suivi la carrière dans laquelle il avait si noblement commencé ; il nous a quittés après les deux premiers volumes de ses Odes, et nous le retrouvons à Marie Tudor ! La dégradation d’un grand talent ne saurait être poussée plus loin…

Suit l’appréciation, plutôt pessimiste, de Marie Tudor :

Folies accumulées… Horreurs sèches sans motifs et sans but… Gâchis théâtral sans nom… Lucrèce Borgia et Marie Tudor sont les deux sœurs dramatiques aussi immondes l’une que l’autre.

Le Courrier français.

Deux articles, signés Ed. M.:

Le mélodrame de M. Victor Hugo n’est pas seulement le vieux mélodrame… C’est quelque chose à la fois de plus grand, de plus petit, de plus faible, de plus fort, de plus beau et de plus hideux… C’est le vieux mélodrame trempé dans la lie de Shakespeare…

Le critique dit que, si Marie Tudor ne fait pas pleurer, en revanche elle fait rire, « et même beaucoup, du style le plus étonnant que jamais écrivain ait trouve dans sa plume ». Et le critique cite plusieurs images superbes.

La Quotidienne.
J. T.

Marie Tudor ne rachète ses monstrueux défauts, ni par l’originalité du sujet d’Hernani, ni par la grâce de détails de Marion de Lorme, ni par l’énergie des passions de Lucrèce Borgia ; elle est même au-dessous du Roi s’amuse.

Le National.

Feuilleton signé X :

Les drames de M. Hugo n’ont rien de raisonnable et d’humain ; ils ne peuvent être jugés d’après aucun procédé connu de l’art, ni mesurés à aucun principe et à aucune théorie, pas même aux théories de M. Hugo, qui a mis dans ses préfaces sa poétique dramatique à côté de ses œuvres pour les montrer en flagrant délit de contradiction…

… Une des plus bizarres manies des drames de M. Hugo est de vouloir mettre les plus nobles et les plus pures passions dans les âmes mauvaises et souillées.

… Il s’établit entre Jeanne et Marie, entre Gilbert et Fabiano, une lutte, une espèce de concurrence à qui ne donnera point sa tête au bourreau. Les têtes se brouillent tellement à ce jeu d’échafaud qu’au moment où la reine et Jeanne aperçoivent un homme couvert d’un voile noir allant au supplice, Jeanne ne sait pas si cette tête au voile noir est la tête de Gilbert, et Marie se demande si ce serait la tête de Fabiano. La situation est belle.

Revue des Deux-Mondes.
Gustave Planche.

Le critique n’accorde rien à Marie Tudor, ni sentiment dramatique, ni exactitude historique, ni intérêt, ni émotion, ni caractère, ni situation, ni style. Il passe en revue les personnages du drame et n’en comprend aucun. Il conclut :

Les comédies de Marivaux sont des chefs-d’œuvre de vérité auprès des drames de M. Hugo.

Revue de Paris.
Amédée Pichot.

… Quel que soit le jugement définitif que l’on doive porter sur l’ensemble des travaux de M. Victor Hugo, qui n’en est encore