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JANE.

Monsieur Joshua, est-ce que nous verrons bien le cortège d’ici ?

JOSHUA.

D’abord, quel cortège voulez-vous voir ? Il y en a deux. Un blanc et un noir. La reine qui vient de White-Hall et un homme condamné à mort qu’on mène à Tyburn. La reine arrive à midi. L’homme part à deux heures. À la rigueur on peut voir les deux spectacles.

JANE.

Je ne veux pas voir l’homme condamné à mort.

GILBERT.

Elle veut voir la reine.

JANE.

Oui, la reine ! je n’ai jamais vu de reine. Je veux voir quel effet cela me fera de voir une reine.

JOSHUA.

En ce cas, vous ne pouvez être mieux qu’ici. Elle doit traverser cette plate-forme où une partie de la cour viendra l’attendre tout à l’heure.

JANE.

Oh ! la cour ! la cour ! de beaux seigneurs, de beaux habits de cérémonie ! Quel bonheur de voir tout cela ! — Et le pauvre homme condamné à mort, est-ce qu’on ne lui fera pas grâce ?

JOSHUA.

Non. La reine le hait.

JANE.

Pourquoi ?

JOSHUA.

Parce qu’elle l’a aimé.

GILBERT.

Je comprends.

JANE.

Qu’est-ce donc que la reine vient faire à la Tour ?

JOSHUA.

C’est aujourd’hui le premier jour de l’année. Il est d’usage que ce jour-là les rois ou les reines fassent une visite à la Tour de Londres.

GILBERT.

Mais Jane a raison, autrefois c’était pour exercer le droit de grâce.