Monsieur Joshua, est-ce que nous verrons bien le cortège d’ici ?
D’abord, quel cortège voulez-vous voir ? Il y en a deux. Un blanc et un noir. La reine qui vient de White-Hall et un homme condamné à mort qu’on mène à Tyburn. La reine arrive à midi. L’homme part à deux heures. À la rigueur on peut voir les deux spectacles.
Je ne veux pas voir l’homme condamné à mort.
Elle veut voir la reine.
Oui, la reine ! je n’ai jamais vu de reine. Je veux voir quel effet cela me fera de voir une reine.
En ce cas, vous ne pouvez être mieux qu’ici. Elle doit traverser cette plate-forme où une partie de la cour viendra l’attendre tout à l’heure.
Oh ! la cour ! la cour ! de beaux seigneurs, de beaux habits de cérémonie ! Quel bonheur de voir tout cela ! — Et le pauvre homme condamné à mort, est-ce qu’on ne lui fera pas grâce ?
Non. La reine le hait.
Pourquoi ?
Parce qu’elle l’a aimé.
Je comprends.
Qu’est-ce donc que la reine vient faire à la Tour ?
C’est aujourd’hui le premier jour de l’année. Il est d’usage que ce jour-là les rois ou les reines fassent une visite à la Tour de Londres.
Mais Jane a raison, autrefois c’était pour exercer le droit de grâce.