Par Saint-George !
Il me poursuit encor, le quatrain sur la gorge !
Écoutez, lord Wilmot, comte de Rochester,
Vous êtes jeune, et moi, je vieillis, mon très cher.
J’ai les traditions de la chevalerie.
C’est pourquoi j’ose dire à votre seigneurie
Que tous ces madrigaux, sonnets, quatrains, rondeaux,
Chansons, dont à Paris s’amusent les badauds.
Sont bons, comme une chose entre nous dédaignée,
Pour les bourgeois, et gens de petite lignée.
Des avocats en font, mylord ! mais vos égaux
Rougiraient d’aligner quatrains et madrigaux.
Mylord, vous êtes noble, et de noblesse ancienne.
Votre écusson supporte, autant qu’il m’en souvienne,
La couronne de comte et le manteau de pair.
Avec cette légende : Aut numquam aut semper, —
Je sais mal le latin, s’il faut que je le dise ;
Mais en anglais, voici le sens de la devise :
Soyez l’appui du roi, de vos droits féodaux,
Et ne composezpas de vers et de rondeaux.
C’est le lot du bas peuple ! — Ainsi, lord d’Angleterre,
Ne faites plus, soigneux du rang héréditaire.
Ce que dédaignerait le moindre baronnet
Ou hobereau, portant gambière et bassinet !
Plus de vers !
De par Dieu ! c’est un arrêt en forme
Que cela ! Je conviens que ma faute est énorme.
Mais entre autres rimeurs, tous gens du plus bas lieu,
J’ai pour complice Armand Duplessis Richelieu,
Le cardinal poëte ; et moi, pourquoi le taire ?
La licorne du roi, le lion d’Angleterre
Serviraient de supports à mes deux écussons,
Que je ferais encor des vers et des chansons !
Le bon vieux gentilhomme est d’une humeur de dogue.
Ha ! venez varier un peu le dialogue,
Davenant !