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Vous attendez nos gens ? — Comment trouvez-vous l’air ?

Il chante.

Un soldat au dur visage,
Une nuit, arrête un page…

Pour notre instruction l’exil a bien son prix !
C’est un vieil air français qu’on m’apprit à Paris.


LORD ORMOND, hochant la tête.

Je crains que le soldat n’arrête le beau page
Tout de bon.


LORD ROCHESTER, regardant sa chanson.

Ah ! le reste est au bas de la page.


Il tend la main à lord Ormond.

— Bien, toujours le premier au poste ! — Et nos amis ? —
Auriez-vous mieux aimé, mylord, que j’eusse mis :

Un soldat au dur visage
Arrête sur son passage
Un page à l’œil de lutin…

Au lieu de :

Un soldat au dur visage.
Une nuit, arrête un page,
Un page… et cætera ?

La répétition, un page, a de la grâce,
N’est-ce pas ? Les français…


LORD ORMOND.

Mylord, faites-moi grâce.

Je n’ai point l’esprit fait à juger ce talent.


LORD ROCHESTER.

Vous, mylord ? je vous tiens pour un juge excellent.
Et, pour vous le prouver, à votre seigneurie
Je vais lire un quatrain nouveau.

Il se drape et prend un accent emphatique.
« Belle Egérie !… »
Il s’interrompt.

Devinez, je vous prie, à qui c’est adressé ?