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CROMWELL, bas.
J’ai ce peuple ; à quoi bon dix potences ?
Sir William Murray, que les archers entraînent, se jette à genoux et tend ses mains jointes vers Cromwell.

SIR WILLIAM MURRAY.
Grâce, mylord !…
CROMWELL.
Du fouet ? Allons ! finissons-en.
N’est-ce donc pas l’emploi de ton dos courtisan ?

Puis, fouetté pour ton roi ! Tu sers la bonne cause.

Tu te diras martyr ! tu feras le Montrose !
Il fait un signe, et les archers entraînent Murray.
Le Protecteur s’adresse alors à la foule d’un air impérieux et inspiré.

CROMWELL, au peuple.
Peuple saint, épargnons nos ennemis rampants.

L’éléphant a pitié d’écraser les serpents.
Qu’ainsi toujours le ciel vous sauve des embûches,
Vases d’élection !

LORD ROCHESTER, bas à Sedley.
Les vases sont des cruches.
Le peuple répond au Protecteur par de longues acclamations.
Il les fait taire d’un geste, et reprend.

CROMWELL.
Par ma clémence, anglais, je veux marquer ce jour.
Au haut-shériff.
Qu’on aille chercher Carr, prisonnier à la Tour.
Le haut-shériff sort. — Cromwell s’accoude sur les bras de son fauteuil et semble méditer. — Silence et attente dans l’auditoire. — Willis, qui a été quelque temps absent et qui vient de rentrer, accoste Ormond dans le groupe des cavaliers.

SIR RICHARD WILLIS, saluant lord Ormond.
Je vous fais compliment, mylord.
LORD ORMOND, étonné.
Quoi ! c’est vous-même,
Willis ! Vous libre aussi ! — Cet homme est un problème !