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CROMWELL, à Milton.
Milton, expliquez-vous.
MILTON, à Cromwell.
Mané, Thécel, Pharès.
Cromwell hausse les épaules et monte sur le trône.

OVERTON, bas à Garland.
Il monte ! Je respire.
GARLAND, bas.
Ah ! l’alerte était forte.
Cromwell s’assied sur le trône. Les comtes de Warwick et de Carlisle se placent debout, l’épée nue, derrière son fauteuil ; Thurloë et Stoupe à ses côtés. Le lord-maire, suivi de ses aldermen, s’avance au pied du trône, portant le coussin
où est placée l’épée ; il monte quelques degrés, met un genou en terre, et présente l’épée à Cromwell.

LE LORD-MAIRE, à Cromwell.
Lord Olivier, ceci qu’entre vos mains j’apporte,

C’est l’épée. À défaut d’enclume, un peuple entier
Sur le front des tyrans en a forgé l’acier.
La lame a deux tranchants pour qu’on en puisse faire
Le glaive de justice et le glaive de guerre,
Qui, tour à tour terrible au combat, au saint lieu,
Brille aux mains du soldat, flamboie aux mains de Dieu.

L’honorable cité de Londres vous le livre.
Cromwell ceint l’épée, la tire du fourreau, l’élève au-dessus de sa tête, puis la rend au lord-maire qui la remet dans le fourreau et se retire à reculons.

WHITELOCKE, s’approchant de Cromwell avec le même cérémonial que le lord-maire.
Mylord, voici les sceaux.
Cromwell prend les sceaux, puis les rend à Whitelocke qui se retire. L’orateur du parlement, suivi des officiers des communes, s’avance à son tour portant la bible à fermoirs d’or.

L’ORATEUR DU PARLEMENT, un genou en terre devant Cromwell.
Mylord, voici le livre.
Cromwell prend la bible, et l’orateur se retire avec de profondes révérences. — Le général Lambert, pâle et inquiet, s’approche portant la couronne sur un riche coussin de velours cramoisi. — Overton fend la presse et se place près de lui.