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LE CHAMPION, d’une voix solennelle.
Nul n’ayant contesté, peuple, ce que j’ai dit, —

Qu’un aveugle et qu’un fou, — devant toute la terre,
Je proclame Olivier Cromwell roi d’Angleterre !

LES SATELLITES DU CHAMPION.
Dieu sauve Olivier roi !
Profond silence dans la foule et dans la troupe.

LE CHAMPION.
Passons.
Il sort lentement avec son cortège.

SYNDERCOMB, bas à Overton, en lui montrant Gramadoch qui rit.
Oui, oui, c’était
Pour amuser le peuple.
OVERTON, de même, en lui montrant le peuple consterné.
Il menace : il se tait.
SCÈNE XI.
LA FOULE.
VOIX DANS LA FOULE.
Le vieux Noll est bien long ! — Quand pensez-vous qu’il sorte
De White-Hall ? — C’est dur d’attendre de la sorte.
Un grand bruit de cloches éclate au dehors. Des coups de canon lointains
s’y mêlent à intervalles égaux.
— Silence ! entendez-vous les cloches ? le canon ?

— Il sort. — Passera-t-il par Old Bayley ? — Non,
Par Piccadilly. — Dieu ! voyez donc sur la place
Ce peuple ! — Ils sont bien là ; c’est de la populace.
— Que de têtes là-bas ! que de têtes là-haut !
Tout fourmille. — Il n’est pas, quoiqu’il fasse bien chaud,
Une tuile des toits, pas un pavé des rues,
Qui ne soient tout chargés de faces incongrues.
— Je sais là des balcons qui se sont loués cher.
— Pour voir Cromwell ! pour voir un visage de chair !