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Laissons-lui donc sa tâche. — Ami, que je t’embrasse ! —
Pour l’honneur des bouffons mon orgueil lui rend grâce.

Gramadoch monte dans la tribune, et ses camarades s’empressent
autour de lui.

GIRAFF.
À notre gaîté, frère, il manquait ton esprit.
TRICK.
Oui, plus on est de fous, dit l’autre, plus on rit.

J’aime qu’un même abri tous quatre nous rassemble.

ELESPURU.
Ce sont plaisirs des dieux quand nous sommes ensemble

Tous les fous réunis.

GRAMADOCH.
C’est bien ce qui m’en plaît.
Entre Milton.
Voici maître Milton : — nous sommes au complet.
SCÈNE VIII.
LES QUATRE FOUS, MILTON.
MILTON, accompagné de son guide.
Il s’avance lentement et se tourne longtemps vers le trône, comme abattu par un sombre désespoir.
Il le faut. C’en est fait ! — Buvons tout le calice ;

Sans en perdre un tourment acceptons le supplice ;
Voyons faire ce roi ! — Le théâtre est dressé.
Il sera donc, avant que ce jour ait passé,
Descendu dans la tombe ou tombé sur un trône !

TRICK, bas à Gramadoch.
Le chantre de Satan tourne assez bien un prône.
MILTON, poursuivant.
Ah ! qu’il meure ou qu’il règne, oui, dans ce jour de deuil,

C’est là que de Cromwell va s’ouvrir le cercueil.