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Et lève par nos mains contre Olivier premier
L’étendard où revit la harpe et le palmier,
Six de nous prendront poste à la salle des gardes.

TOUS.
Bien !
OVERTON, continuant.
Cachant leurs poignards devant les hallebardes,
Douze se grouperont aux degrés du perron

Où Richard à Norfolk attacha l’éperon ;
Quatre aux Aides ; et quatre à la cour des Tutelles.
Les autres, dispersés dans toutes les chapelles
Des vieux Plantagenets, des Stuarts, des Tudors,
Gardant les escaliers, barrant les corridors,
Et, soit qu’Olivier gagne ou perde l’avantage,
Pouvant ou lui fermer ou nous ouvrir passage,
Devront par leurs discours nourrir l’embrasement
Qui dans la foule en deuil couvera sourdement,
Et, des saintes tribus attisant la colère,
Hâter l’éruption du volcan populaire.

TOUS, excepté Barebone, agitant leurs poignards.
Qu’il dévore Abiron ! Qu’il consume Dathan !
GARLAND.
Il se jette à genoux au milieu du cercle des puritains, et s’écrie en levant sa dague vers le ciel.
Ô Dieu, qui fis l’atome et le léviathan,

Seconde en ta bonté notre sainte entreprise !
Fais, pour manifester ton pouvoir qu’on méprise,
Que du sein de Cromwell ce fer sorte fumant !
Guide nos coups, Dieu bon ! Dieu sauveur ! Dieu clément !
Qu’ainsi tes ennemis soient livrés au carnage !
Puisque nous te rendons ce pieux témoignage,
Dans nos mains, sur nos fronts, fais resplendir, ô Dieu !

Tes glaives flamboyants et tes langues de feu !
Il se relève, et les puritains, quelque temps inclinés, semblent prier avec lui.

BAREBONE, à part.
L’abomination habite en leur pensée.

— Se partager mon bien ! —