Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je rôtirai du moins en bonne compagnie. —
Tiens ! le juif Manassé, qui rançonnait Cliffort !
Sans doute on le fera cuire en son coffre-fort.

Çà, nous sommes tous morts et damnés, il me semble !
Aux cavaliers.
Bonsoir, amis ! — Narguons Satan qui nous rassemble ;

Donnons l’enfer au diable, et rions à son nez !

LORD ORMOND.
Dans quel piège fatal nous sommes entraînés !
LORD ROCHESTER, aux cavaliers.
Nos bons projets ont eu mauvaise réussite ;
Cromwell dans notre vin met de l’eau du Cocyte.
Cromwell jusqu’ici est resté silencieux dans son triomphe, les bras croisés sur sa poitrine, et promenant des yeux hautains sur les cavaliers confus et désespérés.

CROMWELL, à part et regardant Ormond.
Je ne connaissais point Ormond. — À son aspect,

J’éprouve malgré moi je ne sais quel respect.

LORD ORMOND, l’œil fixé sur Cromwell.
Comme il nous a trompés ! Que de ruse et d’audace !
CROMWELL, à part.
Ormond seul ose encor me regarder en face.

C’est un noble adversaire ! il avait un mandat,

Il le voulait remplir. — Parlons à ce soldat.
Il s’approche d’Ormond qui le regarde fièrement.
Haut.
Ton nom ?
LORD ORMOND.
Bloum. —
À part.
En mourant, je ne veux pas qu’il sache
Qu’il fut maître d’Ormond.
CROMWELL, à part.
Par orgueil il se cache.

Haut.
Qu’es-tu ?