Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les satellites d’ dans l’orbite de Thau.

Frappons au seuil du temple avec le saint marteau. —
Il met l’œil à la lunette, puis s’interrompt.
Prêter au denier douze ! En cet instant de trouble,

J’aurais pu, sur Ormond, certes, gagner le double.

CROMWELL, à part.
Espion de Cromwell ! banquier des cavaliers !
MANASSÉ, l’œil à la lunette.
La ligne se recourbe en corne de béliers… —

Mais j’ai ces carolus, envoyés de Cologne ;
Et de bons carolus, même quand on les rogne,
Gagnent… — Vraiment, l’éclipse aurait lieu dans ce cas…
— Onze sur les dollars, et neuf sur les ducats.

— Oui, Cromwell, Ormond, tous à la fois je les trompe.
En ce moment on entend le cri périodique de la sentinelle éloignée
Tout va bien ! veillez-vous ?
CROMWELL, avec impatience, à part.
Faut-il qu’on m’interrompe
En ce moment ! leur cri ne fait peur qu’aux hiboux.
Répétons-le pourtant.
Haut.
Tout va bien ! veillez-vous ?
À cet éclat de voix, le juif se retourne comme en sursaut.

MANASSÉ, à part.
Jacob ! je n’avais point vu là de sentinelle !
De quel voile épais l’âge a couvert ma prunelle !
La voix d’une autre sentinelle éloignée répète encore :
Tout va bien ! veillez-vous ?
MANASSÉ, s’approchant de Cromwell avec respect.
Bonsoir, seigneur soldat.

CROMWELL, à part.
Fallait-il que soudain ce cri l’intimidât ?
Comme il se dévoilait !
Haut.
Bonne nuit, juif !