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CROMWELL, à part.
C’est bon ! jusqu’à demain que ce refus les leurre.
Tous deux restent un moment immobiles et silencieux. Cromwell, appuyé sur les bras de son fauteuil, semble méditer profondément. Enfin, Thurloë s’avance vers lui et s’incline.

THURLOË.
Mylord, il est tard.
CROMWELL, brusquement.
Fais sonner le couvre-feu.

THURLOË.
N’avez-vous pas besoin de reposer un peu ?
CROMWELL.
Oui. — De dormir pourtant je n’ai pas grande envie.
THURLOË.
Où mylord couche-t-il cette nuit ?
CROMWELL, à part.
Quelle vie !
Me cacher tous les soirs comme un voleur qui fuit !

Régnez donc, pour changer de couche chaque nuit !

Partout, autour de nous, en nous, toujours la crainte !
Haut à Thurloë.
Qu’on mette ici mon lit.
THURLOË.
Quoi, dans la chambre peinte ?
Les juges de Charle…
CROMWELL, à part.
Ah ! toujours ce souvenir !

THURLOË.
Mais c’est ici, mylord, qu’on vit se réunir…