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Bah ! dès qu’un peu d’or touche à ces dragons-apôtres,
Ces têtes-rondes-là tournent mieux que les autres !
— Ils sont las de Cromwell qui les tient asservis. —
J’ai déjà vers Ormond dépêché cet avis
Que la porte du parc ce soir sera livrée.
Maintenant, — à Francis ! J’en ai l’âme enivrée.
Mais j’ai pour réussir des secrets souverains.
Je puis semer à flots doublons d’or et quatrains !

Tentons l’occasion !
Il s’avance vers lady Francis, qui ne le voit pas, et semble concentrée dans une profonde rêverie.

DAME GUGGLIGOY, regardant une bourse qu’elle cache dans sa main.
Assez ronde est la somme !
À part, regardant Rochester.
Il est vraiment joli, ce jeune gentilhomme !

Se déguiser ainsi, tout braver, par amour !
À cet âge ils sont fous. Hélas ! chacun son tour !
Oui, c’est ainsi qu’eût fait sire Amadis de Gaule.
— Pourtant, dois-je permettre ?… Est-ce bien là mon rôle ?
Et puis, ce chevalier n’a pas un mot pour moi ;

De l’argent, voilà tout. —
Elle arrête Rochester, qui semble sur le point d’aborder Francis.
Bas.
Monsieur, un instant !

LORD ROCHESTER, se détournant.
Quoi ?

DAME GUGGLIGOY, l’entraînant à l’autre coin du théâtre.

Un instant !

LORD ROCHESTER.
Quoi ?

DAME GUGGLIGOY, lui souriant.
N’a-t-on rien de plus à me dire ?

LORD ROCHESTER, à part.
Eh ! la bourse était lourde et doit pourtant suffire.