Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCÈNE XVIII.
Les Mêmes, CROMWELL.
CROMWELL, une bible armoriée à la main.
Çà, maître Obededom,
Écoutez ce verset sur Dabir, roi d’Édom !...
Apercevant son fils.
Ah ! —
À Rochester.
Sortez.

LORD ROCHESTER, à part.
Qu’a-t-il donc ? comme il prend son air rogue !
Et comme le tyran succède au pédagogue !
Il sort.
SCÈNE XIX.
RICHARD CROMWELL, CROMWELL.
Cromwell s’approche de son fils, croise les bras et le regarde fixement.

RICHARD CROMWELL, s’inclinant profondément.
Mon père... — Mais d’où vient ce trouble inattendu ?

Quel est sur votre front ce nuage épandu,
Mylord ? où doit tomber la foudre qu’il recèle.
Et dont l’éclair sinistre en vos yeux étincelle ?...
Qu’avez-vous ? Qu’a-t-on fait ? Parlez : que craignez-vous ?
Qui peut vous attrister dans le bonheur de tous ?
Demain, des anciens rois rejoignant les fantômes,
La république meurt, vous léguant trois royaumes ;
Demain votre grandeur sur le trône s’accroît ;
Demain, dans Westminster proclamant votre droit,
Jetant à vos rivaux son gant héréditaire.
Le champion armé de la vieille Angleterre,
Aux salves des canons, au branle du beffroi,
Doit défier le monde au nom d’Olivier roi.
Qui vous manque ? l’Europe, et l’Angleterre, et Londre,
Votre famille, tout semble à vos vœux répondre.