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SCÈNE VII.
CROMWELL, THURLOË.
THURLOË.
Mylord ! — Et maintenant daignerez-vous m’entendre ?

Ce navire étranger, l’argent qu’il vient répandre
Parmi les malveillants, l’avis du juif maudit,
Tout n’est-il pas d’accord avec ce que j’ai dit ?
Ouvrez les yeux.

CROMWELL.
Sur quoi ?

THURLOË.

Sur ces complots infâmes
Dont un fidèle avis me dénonce les trames.

Du peu que nous savons déjà je frémis.

CROMWELL.
Bah !
Chaque fois qu’en mes mains un tel rapport tomba.

Si j’avais à le croire occupé ma pensée.
Et mon temps à chercher la trame dénoncée,
Mes jours, mes nuits, ma vie aurait-elle suffi ?

THURLOË.
Le cas présent, mylord, me semble alarmant.
CROMWELL.
Fi !
Thurloë ! rougis donc de cette peur panique.

Je sais que pour plusieurs mon joug est tyrannique.
Que certains généraux ne voudraient pas, mon cher,
Voir leur roi de demain dans leur égal d’hier.
Mais l’armée est pour moi. — Quant à l’argent dont parle
Ce juif, c’est un cadeau que me fait le bon Charle,
Et qui vient à propos, surtout dans ce moment.
Pour acquitter les frais de mon couronnement.
Va ! sois tranquille, ami ! — Songe aux fausses nouvelles
Dont on a tant de fois tourmenté nos cervelles.