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Adieu, monsieur le duc... messieurs...

Tous sortent par une porte de côté en renouvelant leurs profondes révérences. Le comte de Carlisle et Whitelocke reconduisent en cérémonie l’ambassadeur de France. — Pendant leur sortie, entrent Élisabeth Bourchier, femme de Cromwell ; mistress Fletwood, lady Falconbridge, lady Cleypole, lady Francis, ses filles. Elles font une révérence à leur père.


SCÈNE III.

CROMWELL ; ÉLISABETH BOURCHIER, MISTRESS FLETWOOD,
toutes deux en noir, la dernière surtout affecte la simplicité puritaine ; LADY FALCONBRIDGE, vêtue avec beaucoup de richesse et d’élégance ; LADY CLEYPOLE, enveloppée comme une personne malade, l’air languissant : LADY FRANCIS, toute jeune fille, en blanc, avec un voile.


CROMWELL, à la Protectrice.
Bonjour, madame.
Vous avez l’air souffrant. Auriez-vous mal dormi ?
ÉLISABETH BOURCHIER.
Oui, je n’ai jusqu’au jour fermé l’œil qu’à demi.

Décidément, monsieur, je n’aime pas le faste !
La chambre de la reine, où je couche, est trop vaste.
Ce lit armorié des Stuarts, des Tudor,
Ce dais de drap d’argent, ces quatre piliers d’or.
Ces panaches altiers, la haute balustrade
Qui m’enferme, captive en ma royale estrade.
Ces meubles de velours, ces vases de vermeil,
C’est comme un rêve enfin qui m’ôte le sommeil !
Et puis, de ce palais il faut faire une étude.
De ses mille détours je n’ai pas l’habitude.
Oui, vraiment, je me perds dans ce grand White-Hall ;
Et je suis mal assise en un fauteuil royal !

CROMWELL.
Ainsi vous ne pouvez porter votre fortune !

Tous les jours votre plainte…

ÉLISABETH BOURCHIER.
Elle vous importune,
Je le sens ; mais enfin je préférerais, moi,