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SCENE II.

Les Mêmes ; CROMWELL, habit militaire fort simple, justaucorps de buffle, grand baudrier brodé à ses armes, auquel pend une longue épée. WHITELOCKE, lord commissaire du sceau, longue robe de satin noir bordée d’hermine, grande perruque. LE COMTE DE CARLISLE, capitaine des gardes du Protecteur, vêtu de son uniforme particulier. STOUPE, secrétaire d’état pour les affaires étrangères. — Pendant toute la scène, le comte de Carlisle se tient debout derrière le fauteuil du Protecteur, l’épée hors du fourreau ; Whitelocke debout à droite ; Stoupe debout à gauche, avec un livre ouvert dans la main.


Au moment où Cromwell entre, les assistants se rangent sur deux haies, et restent profondément inclinés jusqu’à ce que le Protecteur soit arrivé à son siège.


CROMWELL, debout devant son fauteuil.
Paix et salut aux cœurs de bonne volonté !

Puisque chacun de vous est vers nous député,
Au nom du peuple anglais on vous donne audience.

Il s’assied, ôte et remet son chapeau.
Duc de Créqui, parlez.
Le duc de Créqui, suivi de Mancini et de son ambassade, s’approche avec les mêmes révérences que pour un roi. Tous les assistants se retirent au fond de la salle, hors de la portée de la voix.


LE DUC DE CRÉQUI.
Monseigneur ! l’alliance

Qui du roi très-chrétien vous assure l’appui
Par des liens nouveaux se resserre aujourd’hui.
Monsieur de Mancini va vous lire la lettre
Que son oncle éminent par lui vous fait remettre.

Mancini s’approche du Protecteur, fléchit un genou, et lui présente sur le coussin la lettre du cardinal. Cromwell en rompt le cachet et la rend à Mancini.

CROMWELL, à Mancini.
Elle est du cardinal Mazarini ? — Lisez.
MANCINI, déploie la lettre et lit.

À son altesse monseigneur le Protecteur de la république d’ Angleterre.

« Monseigneur,

« La part glorieuse que les troupes de votre altesse ont prise à la guerre actuelle de la France contre l’Espagne, l’utile secours qu’elles prêtent aux