Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DOWNIE.
Oui, la chose est visible !


RICHARD CROMWELL.

Voilà bientôt dix ans que nous sommes amis ;
Bals, chasses, jeux, plaisirs permis et non permis,
Tout nous était commun jusqu’ici : nos détresses,
Nos bonheurs, notre bourse, et jusqu’à nos maîtresses !
Vos chiens étaient à moi ; vous aviez mes faucons ;
Et nous passions les nuits sous les mêmes balcons.
Quoique mon nom m’enrôle en un parti contraire.
Toujours avec vous tous j’ai vécu comme un frère.
Et pourtant vous avez, malgré ce bon accord,
Un secret pour Richard !... Et quel secret encor !


LORD ROSEBERRY.

Tout est perdu. Que dire ?


RICHARD CROMWELL.
Interrogez votre âme !

Devais-je enfin m’attendre à cela ?... C’est infâme !


SEDLEY.

Croyez, mon cher Richard...


RICHARD CROMWELL.
Oui, cherchez des raisons !

Vous ai-je pas toujours servis de cent façons ?
Qui fut votre recours, dans vos terreurs profondes,
Contre les usuriers, pis que les têtes-rondes ?
Pour qui, réponds, Clifford, ai-je hier remboursé
Quatre cents nobles d’or au rabbin Manassé ?


CLIFFORD, confus.

Je ne saurais nier... Le maudit juif...


RICHARD CROMWELL.
Downie !

Quoiqu’un bill ait frappé ta famille bannie,
Qui, lorsqu’on t’arrêta, se fit ta caution ?