a sa transparence. Dans une eau sale on voit des vices ; dans une eau trouble on voit des inepties. Anne n’était qu’une eau trouble.
Des embryons de sentiments et des larves d’idées se mouvaient dans cette cervelle épaisse.
C’était peu distinct. Cela avait à peine des contours. C’étaient des réalités pourtant, mais informes. La reine pensait ceci. La reine désirait cela. Préciser quoi était difficile. Les transformations confuses qui s’opèrent dans l’eau croupissante sont malaisées à étudier.
La reine, habituellement obscure, avait par instants des échappées bêtes et brusques. C’était là ce qu’il fallait saisir. Il fallait la prendre sur le fait. Qu’est-ce que la reine Anne, dans son for intérieur, voulait à la duchesse Josiane ? Du bien, ou du mal ?
Problème. Barkilphedro se le posa.
Ce problème résolu, on pourrait aller plus loin.
Divers hasards servirent Barkilphedro. Et surtout sa ténacité au guet. Anne était, du côté de son mari, un peu parente de la nouvelle reine de Prusse, femme du roi aux cent chambellans, de laquelle elle avait un portrait peint sur émail d’après le procédé de Turquet de Mayerne. Cette reine de Prusse avait, elle aussi, une sœur cadette illégitime, la baronne Drika.
Un jour, Barkilphedro présent, Anne fît à l’ambassadeur de Prusse des questions sur cette Drika.
L’ambassadeur baissa la voix et répondit :
La reine eut un silence, puis s’écria :
Barkilphedro nota ce pluriel.
Une autre fois, à une sortie de chapelle où Barkilphedro se tenait assez