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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

Malgré sa résolution, Victor Hugo continuera ce mode de transcription jusqu’à la fin des épreuves.


[13 janvier.]

Dimanche. Une heure après minuit.

Comme vous le voyez, monsieur, il est impossible de ne pas demander une 2e épreuve pour presque toutes les feuilles. Sur onze feuilles corrigées je n’ai encore pu vous donner que quatre bon à tirer (feuilles 1, 2, 5 et 9) et encore ne suis-je pas sans inquiétude. Pourtant je rends justice à la correction préalable qui est supérieurement faite, et où je reconnais vos soins si attentifs et si intelligents. Mais, quoi qu’on fasse, l’œil de l’auteur est presque toujours nécessaire deux fois. Pour alléger autant que possible vos frais, je vous recopie les corrections, ce qui vous épargne le coût du retour des épreuves sous enveloppe par la poste. Mais cela me prend un temps précieux que je puis mieux employer dans votre intérêt, et je ne pourrai évidemment continuer ainsi. Songez quel avantage il y aurait pour vous à m’envoyer les épreuves de l’édition de Paris. Vous profiteriez du traité postal, et là où vous payez un franc, vous paieriez un décime. — Dans tous les cas ne pourriez-vous m’envoyer les épreuves sur papier moins épais, papier à lettre, collé, non transparent. Je rognerais les marges, et le retour des épreuves vous coûterait moins cher qu’avec ce gros papier. Pesez tout cela.


Dans les corrections qui accompagnent cette lettre nous relevons cette observation relative au Conventionnel :


{{centré|[Livre 1er, chapitre x]


Pourquoi G*** ? Ce *** n’est point dans le manuscrit. Mettre partout G. Se défier des … et des ***. Suivre le texte en tout. À cause des G*** et des mots à intercaler m’envoyer une 2e de la feuille vii.


Le 26 janvier, Victor Hugo se fâche ; lui qui, pour gagner du temps, s’astreint à un travail ennuyeux et fatigant, il n’obtient même pas des correcteurs une attention soutenue :


Je vous envoie la feuille 19 corrigée. Je voulais, pour gagner du temps, vous envoyer aussi la feuille 18, mais en l’examinant, j’ai reconnu qu’elle n’avait pas été touchée, que pas une de mes corrections n’avait été faite, et que par conséquent je me donnais beaucoup de peine pour n’arriver qu’à ce résultat de vous donner un 2e exemplaire des corrections Indiquées par moi inutilement il y a huit jours. C’est ici vraiment le cas de taire une observation très sérieuse à votre correcteur qui, par sa négligence, cause un tel retard.


Passant au tome II, chapitre viii, à propos de cette phrase de Fantine, résignée à son sort :


… des souffrances, des inquiétudes, un peu de pain d’un côté, des chagrins de l’autre, tout cela me nourrira,


on avait imprime paix pour pain.