Ça a des chagrins, ça. On ne m’ôtera pas de la tête que sa fille est mal mariée.
Le portier répliqua avec l’accent de la souveraineté maritale :
— S’il est riche, qu’il ait un médecin. S’il n’est pas riche, qu’il n’en ait pas. S’il n’a pas de médecin, il mourra.
— Et s’il en a un ?
— Il mourra, dit le portier.
La portière se mit à gratter avec un vieux couteau de l’herbe qui poussait dans ce qu’elle appelait son pavé, et tout en arrachant l’herbe, elle grommelait :
— C’est dommage. Un vieillard qui est si propre ! Il est blanc comme un poulet.
Elle aperçut au bout de la rue un médecin du quartier qui passait ; elle prit sur elle de le prier de monter.
— C’est au deuxième, lui dit-elle. Vous n’aurez qu’à entrer. Comme le bonhomme ne bouge plus de son lit, la clef est toujours à la porte.
Le médecin vit Jean Valjean et lui parla.
Quand il redescendit, la portière l’interpella :
— Eh bien, docteur ?
— Votre malade est bien malade.
— Qu’est-ce qu’il a ?
— Tout et rien. C’est un homme qui, selon toute apparence, a perdu une personne chère. On meurt de cela.
— Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
— Il m’a dit qu’il se portait bien.
— Reviendrez-vous, docteur ?
— Oui, répondit le médecin. Mais il faudrait qu’un autre que moi revînt.