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RELIQUAT DES MISÉRABLES.

Celui qui écrit ces lignes peut dire de ce roi le mot de Tacite : Nec beneficio, nec injuria ; il ne m’est connu ni par le bienfait, ni par le grief, car il ne saurait prendre au sérieux cette bizarre théorie, un moment soutenue par les passions du parti comme expédient de polémique, que des fonctions constitutionnelles et non salariées, conférées selon la loi par le roi à un citoyen, puissent, à quelque point de vue qu’on se place, être un service rendu par le roi au citoyen et une dette à payer. Lui-même, Louis-Philippe, dans sa probité constitutionnelle, eût été stupéfait si on lui fût venu dire qu’il était le bienfaiteur des pairs nommés par lui, et que la pairie était un bienfait obligeant le pair envers le roi, et non un devoir enchaînant le législateur au pays.




L.-P.

Comme Titus qui a sa souillure : Jérusalem saccagée, comme Trajan qui a la sienne : les chrétiens livrés aux bêtes, comme Henri IV qui a la sienne : les dix héros du pont de Charenton pendus, Louis-Philippe a sa tache : Blaye. Il y a un moment où pour l’œil de l’histoire, la main de Louis-Philippe touche la main de Deutz. C’est triste.




Ne faisons pas de mauvaises actions qui suivraient notre mémoire. Il est inutile de laisser derrière nous ces chiens pour aboyer contre la pierre de nos tombeaux. Croyez-moi, hommes, que ces hautes leçons de l’histoire nous servent. Être homme historique si l’on peut. Etre honnête homme toujours.




Enfin nous trouvons dans le dossier des Notes de travail plusieurs ébauches d’un plan inutilisé, d’après lequel les Amis de l’A B C, Enjolras en tête, réunis pour arrêter leurs dernières dispositions en vue de l’émeute prochaine, se rencontreraient, dans une carrière abandonnée, avec les bandits déjà présentés au livre : Patron-Minette.

Dans une note, datée du 1er octobre 1860, une ligne non rayée mentionnait la scène de la carrière ; c’est cette scène que nous allons essayer de reconstituer d’après les divers fragments retrouvés :


LA CARRIÈRE.

À l’ouverture d’en haut, par où, selon l’heure et la saison, passaient le soleil et la pluie, correspondait sur le sol un large cercle mouillé, mare en hiver, boue en été. Un jour de crypte tombait de cette crevasse dans la carrière. Au bout de quelques instants l’œil s’y faisait, et l’on finissait par distinguer les linéaments des