Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IX.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et il poussa dehors le marquis stupéfait.

La salle basse, transformée en corps de garde, avait, on s’en souvient, pour tout éclairage, une lanterne de corne qui faisait tout voir trouble, et donnait plus de nuit que de jour. Dans cette lueur confuse, ceux des soldats qui ne dormaient pas virent marcher au milieu d’eux, se dirigeant vers la sortie, un homme de haute stature ayant le manteau et le capuchon galonné de commandant en chef ; ils firent le salut militaire, et l’homme passa.

Le marquis, lentement, traversa le corps de garde, traversa la brèche, non sans s’y heurter la tête plus d’une fois, et sortit.

La sentinelle, croyant voir Gauvain, lui présenta les armes.

Quand il fut dehors, ayant sous ses pieds l’herbe des champs, à deux cents pas la forêt, et devant lui l’espace, la nuit, la liberté, la vie, il s’arrêta et demeura un moment immobile comme un homme qui s’est laissé faire, qui a cédé à la surprise, et qui, ayant profité d’une porte ouverte, cherche s’il a bien ou mal agi, hésite avant d’aller plus loin, et donne audience à une dernière pensée. Après quelques secondes de rêverie attentive, il leva sa main droite, fit claquer son médius contre son pouce et dit : Ma foi !

Et il s’en alla.

La porte du cachot s’était refermée. Gauvain était dedans.