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et comme devenue insensée, la mère éperdue jeta à la solitude ce cri étrange :

— Y a-t-il quelqu’un ici ?

Et elle attendit la réponse.

On répondit.

Une voix sourde et profonde éclata ; cette voix venait du fond de l’horizon, elle se répercuta d’écho en écho ; cela ressemblait à un coup de tonnerre à moins que ce ne fût un coup de canon, et il semblait que cette voix répliquait à la question de la mère et qu’elle disait : Oui.

Puis le silence se fit.

La mère se dressa, ranimée ; il y avait quelqu’un ; il lui paraissait qu’elle avait maintenant à qui parler ; elle venait de boire et de prier ; les forces lui revenaient, elle se mit à gravir le plateau du côté où elle avait entendu l’énorme voix lointaine.

Tout à coup elle vit sortir de l’extrême horizon une haute tour. Cette tour était seule dans ce sauvage paysage ; un rayon du soleil couchant l’empourprait. Elle était à plus d’une lieue de distance. Derrière cette tour se perdait dans la brume une grande verdure diffuse qui était la forêt de Fougères.

Cette tour lui apparaissait sur le même point de l’horizon d’où était venu ce grondement qui lui avait semblé un appel. Était-ce cette tour qui avait fait ce bruit ?

Michelle Fléchard était arrivée sur le sommet du plateau ; elle n’avait plus devant elle que de la plaine.

Elle marcha vers la tour.