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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

défense, à la pointe d’une cime de cent cinquante pieds de haut, au milieu des nuages, jamais l’éclair ne l’a touché. Il semble qu’il ne court aucun risque d’être renversé de ce côté-là. Serait-ce que le tonnerre du ciel sait que cette besogne est réservée au tonnerre de la terre ?


Plus loin il lui décoche encore ce trait :


De cette bataille gagnée par le hasard, on a fait une bataille gagnée par les hommes. Faute grave. Faute plus grave encore, à l’erreur on a ajouté un monument. Où Dieu n’avait fait qu’une plaine et n’avait jeté qu’une leçon, les hommes ont mis une montagne et un lion. Fausse montagne, faux lion. La montagne n’est pas en roche et le lion n’est pas en bronze. Dans cette argile, façonnée en hauteur, dans cette fonte, peinte en airain, dans cette grandeur fausse, on sent la petitesse. Ce n’est pas un lieu, c’est un décor.


Terminons ces citations par deux petits extraits qui semblent résumer l’espoir du poète :


Maintenant l’anniversaire de Waterloo s’efface à Waterloo même. Les Anglais ont renoncé à y venir ce jour-là avec des branches de laurier. Le 18 juin 1861, l’anniversaire a été célébré à Mont-Saint-Jean par une vente à l’encan.

L’hymne anniversaire a eu pour tout refrain : une fois, deux fois, adjugé.


Au mois de juin, à l’anniversaire, la cocarde tricolore enterrée dans ces sombres plaines y renaît en pâquerettes, en bleuets et en coquelicots.

Notes de travail : (Peut-être Waterloo — grand récit épique mêlé au roman.)

Commencer par là. (19 octobre) [1860].


LIVRE II. — LE VAISSEAU L’ORION.

(Autre titre : Jean Valjean à Toulon.)

Ce livre, à l’exception du chapitre ii, est de 1847.


Feuillet 475. — Cette page de titre contient plusieurs indications précieuses. Et d’abord, dans un coin en haut, ces mots rayés :


Fin de la première partie.

Le Vaisseau l’Orion devait en effet, dans l’esprit de l’auteur, appartenir à la première partie : Fantine.

Sous la variante de titre indiquée plus haut, cette mention entourée :


La dernière page fait partie du dossier suivant Cosette. Elle commence le feuillet M3.


Cette « dernière page commençant le feuillet M3 » porte actuellement, par suite de remaniements et d’intercalations que nous expliquerons, le numéro 495 et contient, au recto, la fin du récit de l’évasion de Jean Valjean à Toulon, récit qui devait primitivement clore la première partie, Fantine, et, au verso, le premier chapitre du livre iii : La question de l’eau à Montfermeil, qui devait commencer la seconde partie : Cosette.