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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

LIVRE VI. — JAVERT.


Feuillet 300. — I. Commencement du repos.

Ce feuillet est composé de trois fragments de papier numérotés 300-301-302, et collés les uns sous les autres au bas du feuillet 299. Il contient une partie du chapitre i, depuis :


M. Madeleine se hâta d’écrire à Montfermeil.


jusqu’à :


Cette poignée de neige…


Au feuillet suivant, une mention :


Le sixième livre commence à ce verso.


Entre le titre et la première ligne, on lit la troisième date du manuscrit : 1er  janvier 1847.


Feuillet 305. — II. Comment Jean peut devenir Champ.

Ce chapitre a été très remanié et comprend deux versions semblables pour le fond, mais présentant presque sous deux aspects différents le caractère de Javert et son entretien avec M. Madeleine. Dans cette première version, Javert a pour M. le maire « une sorte de vénération franche et presque affectueuse ». Quelle différence avec le type définitif qui, dans son aversion instinctive, ne se dément jamais !

La version la plus ancienne débute par un feuillet portant deux lettres : J2, K2 ; en réalité, le feuillet K2 n’a pas été relié avec le manuscrit ; nous l’avons retrouvé et il nous servira pour reconstituer l’ensemble primitif du chapitre ; puis viennent deux pages chiffrées L2 et M2. Au coin du feuillet L2, cette mention :


(Note pour moi. Dans ce qui est barré sur ces deux feuillets L2 et M2, il y a beaucoup de choses utiles a relire et à employer.)


La version définitive, écrite sur du papier plus foncé, est numérotée 306-307-308.

De l’ancienne version, seule l’histoire de Champmathieu reste entière ; beaucoup de passages sont biffés, quelquefois des pages complètes ; nous en extrairons les fragments inédits et nous remplacerons par des points le texte publié :

Javert, nous l’avons dit, était un homme sincère. Il n’avait aucune chose dans l’âme qu’il ne l’eût aussi sur le visage. Du premier coup d’œil, M. Madeleine reconnut que je ne sais quelle étrange révolution s’était opérée en lui. Jusqu’à ce jour il n’avait abordé M. le maire qu’avec un respect profond, mais pénible et contraint. Cette fois il salua M. Madeleine avec une sorte de vénération franche et presque affectueuse à laquelle semblait se mêler une nuance de regret et de douleur.

Cela frappa d’autant plus M. Madeleine qu’il lui semblait que Javert devait avoir de la rancune pour la scène du bureau de police.