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IX

À GASPARD DE PONS.

Mai 1821


Comment pourrais-je, je te prie,
Répondre à tes vers gracieux,
Mais gâtés par la flatterie ?
La docte fontaine est tarie,
Phébus est sourd, Pégase est vieux,
Et ne monte plus guère aux cieux
Que pour chercher son écurie.

Va donc, au gré de tes désirs,
Poursuis ; donne ta vie aux Grâces,
Consacre aux Muses tes loisirs ;
Chante l’Hymen et ses disgrâces,
Chante l’Amour et ses plaisirs.
Suis sur tes poétiques ailes
Le doux Parny, l’heureux Bertin,
Mais sois plus gai que tes modèles.
Les Muses ne sont point cruelles,
Ton triomphe au Pinde est certain ;
Car on prétend dans les ruelles
Qu’un poëte un peu libertin
Est bien vu chez les Neuf Pucelles.