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L’ORAGE
Quel monstre que la foudre ! et qu’est-ce donc, abîme,
Que ce vent qui remue avec un bruit sublime
Tout l’effrayant plafond du ciel, et qui produit
L’énorme craquement des poutres de la nuit ?
Carnet, 1857.

Àu-dessus du vieux lit, moisissait dans un cadre
Un portrait d’un, aïeul quelconque, en chef d’escadre,
Qui, dans un golfe ayant la courbure d’un G,
Bombardait un grand-turc, par les mites rongé.
[1859]

Le temps mène le deuil de nôtre destinée ;
La terre est un sépulcre, et la lugubre année,
Gardienne pâle des tombeaux,
Autour du cénotaphe où gît, couvert de voiles,
Le genre humain couché sous le drap des étoiles,
Allume ses douze flambeaux.
La bise fait le bruit d’un géant qui soupire ;
La fenêtre palpite et la porte respire ;
Le vent. d’hiver glapit sous les tuiles des toits ;
Le feu fait à mon atre une pâle dorure ;
Le trou de ma serrure
Me souffle sur les doigts.