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On a de chauds clients et des amis nombreux ;
On rit, on chante, on brave, on vit ; on est heureux,
On est impie à l’aise ; on triomphe ; on oublie :
La mort qui se souvient, l’heure où tout se délie,
Et la submersion sombre de l’absolu. .
Mais il vient, ce moment où tout est superflu,
Où la nuit vous saisit comme un hideux reptile,
Où tout ce qu’on peut faire est une offre inutile,
Où l’on a beau prier, implorer, supplier.
As-tu vu d’aventure un riche se noyer ?
Il crie à ceux qu’il voit sùr le rivage : - À l’aide!
- ... Cent francs ! - ... dix mille francs ! - ... tout ce que je possède !
Et la voix du noyé se perd sous le flot noir.
Ainsi, précipité, sans appui, sans espoir,
Le damné, s’attachant aux parois de la tombe,
Sent sous lui l’ouverture épouvantable, et tombe.
Il se tord, il appelle, il voit le firmament
Et la terre et le jour s’enfuir rapidement,
Et n’est plus qu’une forme indistincte qui sombre,
Et s’enfonce, et, hagard, roule à jamais sous l’ombre.

XLVII O siècle inachevé,