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Une feuille, de fange et d'aurore inondée,
Espèce de guenille horrible de. l'idée;
Il dénonce, il délivre; il. console, il maudit;
De la liberté sainte il est l'âpre bandit;
Il agite l'antique et monstrueuse chaîne,
Hideux, faisant sonner ce fer contre sa haine;
On voit autour de lui des ossements humains;.
Charlotte, ayant le coeur des ancêtres romains,
Seule osera tenter cet antre inabordable;
Il est le misérable,. il est le formidable;
Il est l'auguste infâme; il est le nain géant;
Il égorge, massacre, extermine, en créant;
Un pauvre en deuil l'émeut, un roi saignant le charme;
Sa fureur aime; il verse une effroyable larme;
Comme il pleure avec rage au secours des souffrants!
Il crie au mourant: Tue! Il crie au volé: Prends!
Il crie à l'opprimé: Foule aux pieds! broie! accable!
Doux pour une détresse et pour l'autre implacable,
Il fait à cette foule, à cette nation,
A ce peuple, un salut d'extermination.
Dur, mais grand; front livide entre les fronts célèbres!
Ténébreux, il attaque et poursuit les ténèbres.
Cette chauve-souris fait la guerre au corbeau.
Prêtre imposteur du vrai, difforme amant du beau,
Il combat l'ombre avec toutes les armes noires.
Pierres, boue et crachats, affronts, cris dérisoires,
Hymnes à l'échafaud, poignard, rire infernal,
Il puise à pleines mains dans l'affreux arsenal;
Cet homme peut toucher à tout, hors à la foudre.

La meule doit broyer si le moulin veut moudre;
Sur les versants divers des abîmes penchants,
Ceux qui paraissent bons, ceux qui semblent méchants,
Ébauchent en commun la même délivrance;
Ils font le droit, ils font le peuple, ils font la France.
Qu'appelez-vous Bourbon, majesté, roi, dauphin?
Toute chose dont sort l'indigence, la faim,