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Qu’ai-je au front ?

Qu’ai-je au front ? Elle se redresse effarée.

Qu’ai-je au front ? Qui m’a mis cela ?

Qu’ai-je au front ? Qui m’a mis cela ? Elle se mire de nouveau.

Qu’ai-je au front ? Qui m’a mis cela ? Qu’est-ce ? du feu ?
Ça doit brûler ! — je n’ose y toucher.

Ça doit brûler ! — je n’ose y toucher. Relevant la tête.

Ça doit brûler ! — je n’ose y toucher. Je suis bête.
C’est cette eau qui me trompe et qui met sur ma tête
Un reflet de soleil. Ce que c’est que d’avoir
Une source au milieu d’un bois pour tout miroir !

Elle se retourne. Un grand miroir de Venise ovale, encadré de vermeil ciselé, apparaît devant elle dans le massif.

Ciel !

Stupéfaite, elle regarde le miroir. Elle porte la main au bouquet de diamants qu’elle a sur le front.

Ciel ! Ah ! les reines sont de la sorte coiffées !

Elle regarde le miroir.

Est-ce que par hasard il passe un vol de fées
Qui s’est venu poser sur les branches du bois ?

Elle regarde sa coiffure de diamants.

Ai-je peur ? Non. J’ai fait ce rêve bien des fois.
Autour de moi tout tremble et devient ineffable.

Elle approche du miroir. Elle aperçoit un petit être, espèce de nain ou d’enfant, vêtu de satin blanc glacé vert, qui porte le miroir et le lui présente, et qui disparaît presque derrière, tant il est petit et tant le miroir est grand.
Lison, admirant l’enfant.

Qu’il est joli !

Elle le considère sans crainte et comme apprivoisée à l’aventure.

Qu’il est joli ! C’est ça ! le nain ! C’est une fable
Qui m’arrive.

Qui m’arrive. Elle l’admire.

Qui m’arrive. Il est fée. Es-tu fée ? Oui, pour sûr !
Quelle est ta reine ?

LE NAIN.

Quelle est ta reine ? Vous, madame.