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Quand une ligue était par les princes construite,
Ils grondaient, et, pour peu que la chose en valût
La peine, et que leur chef leur criât : Tout de suite !
Ils accouraient ; alors les rois prenaient la fuite
En hâte, et les chansons d’un vil joueur de luth
Ne sont pas dans les airs plus vite dissipées.
Frappez, écoliers,
Avec les épées
Sur les boucliers.

Lutteurs du gouffre, ils ont découronné le crime,
Brisé les autels noirs, détruit les dieux brigands ;
C’est pourquoi, moi vieillard, penché sur leur abîme,
Je les déclare grands, car rien n’est plus sublime
Que l’océan avec ses profonds ouragans,
Si ce n’est l’homme avec ses sombres épopées.
Frappez, écoliers,
Avec les épées
Sur les boucliers.

Hélas ! sur leur flambeau, nous leurs fils, nous soufflâmes.
Fiers aïeux ! ils disaient au faux prêtre : Va-t’en !
Du bûcher misérable ils éteignaient les flammes,
Et c’est par leur secours que plusieurs grandes âmes,
Mises injustement au bagne par Satan,
Tu le sais, Dieu ! se sont de l’enfer échappées.
Frappez, écoliers,
Avec les épées
Sur les boucliers.

Levez vos fronts ; voyez ce pur sommet, la gloire,
Ils étaient là ; voyez cette cime, l’honneur,
Ils étaient là ; voyez ce hautain promontoire,
La liberté ; mourir libres fut leur victoire ;
Il faudra, car l’orgie est un lâche bonheur,