Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le démon dans ces bois repose ;
Non le grand vieux Satan fourchu ;
Mais ce petit belzébuth rose
Qu’Agnès cache dans son fichu.

On entre plein de chaste flamme,
L’œil au ciel, le cœur dilaté ;
On est ici conduit par l’âme,
Mais par le faune on est guetté.

La source, c’est la nymphe nue ;
L’ombre au doigt vous passe un anneau ;
Et le liseron insinue
Ce que conseille le moineau.

Tout chante ; et pas de fausses notes.
L’hymne est tendre ; et l’esprit de corps
Des fauvettes et des linottes
Éclate en ces profonds accords.

Ici l’aveu que l’âme couve
Échappe aux cœurs les plus discrets ;
La clef des champs qu’à terre on trouve
Ouvre le tiroir aux secrets.

Ici l’on sent, dans l’harmonie.
Tout ce que le grand Pan caché
Peut mêler de vague ironie
Au bois sombre où rêve Psyché.

Les belles deviennent jolies ;
Les cupidons viennent et vont ;
Les roses disent des folies.
Et les chardonnerets en font.