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Donne à tout ce qui rampe en bas,
Au barde qui vend Calliope,
Au peuple voulant Barabbas,
À la religion myope,

Donne à quiconque ignore ou nuit,
Aux fausses gloires, aux faux zèles,
Aux multitudes dans la nuit,
L’éblouissement de tes ailes.


IV


Va ! pour vaincre et pour transformer,
Pour que l’homme se transfigure,
Qu’il te suffise de fermer
Et de rouvrir ton envergure.

Sois la bonté, sois le dédain ;
Qu’un incompréhensible Éole
Fasse parfois sortir soudain
Des foudres de ton auréole.

Ton poitrail resplendit, on croit
Que l’aube, aux tresses dénouées,
Le dore, et sur ta croupe on voit
Toutes les ombres des nuées.

Jette au peuple un hennissement,
À l’échafaud une ruade ;
Fais une brèche au firmament
Pour que l’esprit humain s’évade.