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Le poëte aux torrents se plonge ;
Il aime un roc des vents battu ;
Ce qui coule ressemble au songe,
Et ce qui lave à la vertu.

Pas de ruisseau qui, sur sa rive
Où l’air jase, où germinal rit,
N’attire un bouvreuil, une grive,
Un merle, un poëte, un esprit.

Le poëte, assis sous l’yeuse,
Dans les fleurs, comme en un sérail,
Aime l’eau, cette paresseuse
Qui fait un si profond travail.

Que ce soit l’Erdre ou la Durance,
Pourvu que le flot soit flâneur,
Il se donne la transparence
D’une rivière pour bonheur.

Elle erre ; on dirait qu’elle écoute ;
Recevant de tout un tribut,
Oubliant comme lui sa route,
Et, comme lui, sachant son but.

Et sur sa berge il mène en laisse
Ode, roman, ou fabliau.
George Sand a la Gargilesse
Comme Horace avait l’Anio.