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« Pour que jamais les effluves,
Les forces, le gaz, l’aimant,
Ne manquent aux vastes cuves
De l’éternel mouvement,

« Pour régler ce jeu sublime,
Cet équilibre béni,
Ces balancements d’abîme,
Ces écluses d’infini,

« Pour que, courbée ou grandie,
L’œuvre marche sans un pli,
Je crois peu qu’il étudie
La machine de Marly ! » —

Ton ironie est amère,
Mais elle se trompe, ami.
Dieu compte avec l’éphémère,
Et s’appuie à la fourmi.

Dieu n’a rien fait d’inutile.
La terre, hymne où rien n’est vain,
Chante, et l’homme est le dactyle
De l’hexamètre divin.

L’homme et Dieu sont parallèles :
Dieu créant, l’homme inventant.
Dieu donne à l’homme ses ailes.
L’éternité fait l’instant.

L’homme est son auxiliaire
Pour le bien et la vertu.
L’arbre est Dieu, l’homme est le lierre ;
Dieu de l’homme s’est vêtu.