Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La montagne est assez maussade ;
La nuit est froide et le jour chaud ;
Et l’on rencontre l’embrassade
Des grands ours de huit pieds de haut.

L’homme en ces monts naît trabucaire ;
Prendre et pendre est tout l’alphabet ;
Et tout se règle avec l’équerre
Que font les deux bras du gibet.

On est bandit en paix, en guerre
On s’appelle guérillero.
Le peuple au roi laisse tout faire ;
Cet ânier mène ce taureau.

Dans les ravins, dans les rigoles
Que creusent les eaux et les ans,
De longues files d’espingoles
Rampaient comme des vers luisants.

Nous tenions tous nos armes prêtes
À cause des pièges du soir.
Le croissant brillait sur nos têtes,
Et nous, pensifs, nous croyions voir,
 
Tout en cheminant dans la plaine
Vers Pampelune et Teruel,
Le hausse-col du capitaine
Qui reparaissait dans le ciel.


15 juillet 1859.