Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’aide-major avec sa trousse
N’y put rien faire et s’en alla ;
Nous ramassâmes de la mousse,
De grands vieux chênes étaient là.

On fit au mort une jonchée
De fleurs et de branches de houx ;
Sa bouche n’était point lâchée,
Son œil intrépide était doux.

L’abbé fut pris. — Qu’on nous l’amène !
Qu’il meure ! — On forma le carré ;
Mais on vit que le capitaine
Voulait faire grâce au curé.

On chassa du pied le jésuite ;
Et le mort semblait dire : Assez !
Quoiqu’il dût regretter la suite
De nos grands combats commencés.

Il avait sans doute à Marine
Quelques bons vieux amours tremblants ;
Nous trouvâmes sur sa poitrine
Une boucle de cheveux blancs.

Une fosse lui fut creusée
À la bayonnette, en priant ;
Puis on laissa sous la rosée
Dormir ce brave souriant.

Le bataillon reprit sa marche,
À la brune, entre chien et loup ;
Nous marchions. Les ponts n’ont qu’une arche.
Des pâtres au loin sont debout.