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Peut-être sont-ils dans leurs tombes
Entiers comme Napoléon !

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Toi, héros de ces funérailles,
Roi ! génie ! empereur ! martyr !
Les temps sont clos ; dans nos murailles
Rentre pour ne plus en sortir !
Rentre aussi dans ta gloire entière,
Toi qui mêlais, d’une main fière,
Dans l’airain de ton œuvre altière
Tous les peuples, tous les métaux ;
Toi qui, dans ta force profonde,
Oubliant que la foudre gronde,
Voulais donner ta forme au monde
Comme Alexandre au mont Athos !

Tu voulais, versant notre sève
Aux peuples trop lents à mûrir,
Faire conquérir par le glaive
Ce que l’esprit doit conquérir.
Sur Dieu même prenant l’avance,
Tu prétendais, vaste espérance !
Remplacer Rome par la France
Régnant du Tage à la Néva ;
Mais de tels projets Dieu se venge.
Duel effrayant ! guerre étrange !
Jacob ne luttait qu’avec l’ange,
Tu luttais avec Jéhova !

Nul homme en ta marche hardie
N’a vaincu ton bras calme et fort ;
A Moscou, ce fut l’incendie ;
A Waterloo, ce fut le sort.
Que t’importe que l’Angleterre